Vers La petite Russie: la surprise
Avant de dessiner ou même d’écrire quoi que ce soit, la première chose à faire a été de relire le livre Guyenne, 20 ans de coopération sous le régime coopératif; et après…, écrit par Marcel Desharnais, mon grand-père. Et là… surprise!
Alors que je m’attendais à un livre parlant de bûcherons, de draveurs et de gens qui travaillent fort pour une bouchée de pain, c’est à une histoire beaucoup plus riche à laquelle j’ai eu droit. Guyenne est à l’origine une petite colonie fondée dans un objectif bien précis: être gérée entièrement sur le modèle coopératif. Le gouvernement a donné son accord pour la mise sur pieds d’une première colonie gouvernée de la sorte, avec la possibilité d’en ouvrir d’autres. Les chantiers coopératifs qui ont foisonnés ont pavé la voie à cette «expérience». C’est donc avec une volonté de créer une nouvelle façon de vivre en société que les colons se sont attelés à la tâche. Le livre relate les écueils qui se sont présentés et qui ont confronté le rêve à la réalité. C’est aussi le combat des femmes pour prendre leur place au sein de cette société. Le récit se déroulant de 1948 à 1968, c’est tout le Québec qui change pendant ce temps et qui se prépare à vivre sa révolution tranquille.
L’ambition qu’allait demander ce livre m’a un peu effrayé au début. Entremêler ces différentes couches de récits en un tout cohérent n’a pas été aisé, mais je suis somme toute satisfait du résultat. Je crois avoir réussi à tracer un portrait du Québec de cette époque que ne renieraient pas mes grands-parents des deux côtés. Bien que ce livre soit à propos de mes grands-parents Desharnais, mes grands-parents du côté Martel m’ont aussi accompagnés dans ma volonté de transposer le quotidien de cette époque dans les régions rurales.
Bref, tout ça pour dire que, pour une rare fois dans ma vie, j’ai le sentiment d’avoir fait quelque chose «d’important». Ça fait bizarre, mais c’est pas désagréable, comme sensation.