La guerre des arts
Thursday 2 October 2014Depuis un an, je multiplie les projets: spectacles, bandes dessinées et films. Certains se font rapidement, d’autres prennent davantage de temps que prévu. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la bande dessinée. L’augmentation de la vitesse de réalisation d’un film ou d’une bande dessinée est devenue quelque chose de presque obsessif chez moi. C’est ainsi que j’ai commencé à utiliser une technique qui décuplait cette vitesse. Cette méthode, c’est celle du copié/collé.
J’ai dessiné dix cases différentes, que j’ai multiplié à l’ordinateur comme bon me semble. Poussant le concept au maximum, j’ai tapé mon texte directement dans un logiciel de mise en page. Cela me permettait d’écrire l’histoire à une vitesse folle. En quelques semaines, le récit complet s’est bouclé. Les éditions Pow Pow se sont montrées intéressées à publier cette histoire étrange. Par contre, la typo à l’ordi, ça, ça ne passait pas. Ayant rechigné un peu au début pour la forme, j’ai tout de même refait tous les phylactères à la main, diminuant ma moyenne de vitesse de réalisation, mais pour avoir un produit fini beaucoup plus attrayant au final.
Donc, ça s’est fait relativement vite… mais, ça raconte quoi?
Voici le résumé: «Lorsqu’une civilisation extra terrestre menacée d’extinction culturelle kidnappe tous les artistes de la terre, l’humanité doit apprendre à vivre dans un monde sans art! Tandis que leurs créateurs traversent de nombreuses galaxies pour initier le peuple des Isayhellos au terrifiant pouvoir de la beauté, les terriens désemparés sont condamnés à écouter en boucle des vieux hits de CCR… et à se débrouiller sans plombiers».
La guerre des arts parle du désintérêt envers l’art, de l’ignorance, voire du mépris que les artistes doivent supporter. J’ai balancé toutes mes frustrations accumulées pendant ces années à évoluer dans les milieux artistiques, le tout en mode déconnade. J’ai aussi inventé pour l’occasion une planète ou l’art devient absolument vital pour la survie. La poésie, la création d’installations, la danse contemporaine, le cinéma d’animation et bien sûr la bande dessinée deviennent des armes meurtrières.
Je me disais que j’avais signé là mon livre le plus défaitiste (mais paradoxalement, peut-être le plus drôle) et que j’en mettais sûrement un peu trop. Seulement voilà, en fin de réalisation, voilà qu’un ministre de l’éducation juge qu’il y a suffisamment de livres dans les bibliothèques d’écoles. Plus tard, une rumeur se répand comme quoi le gouvernement souhaite fermer des conservatoires de musique et d’art dramatique situés en région (projet qui, heureusement, ne semble pas vouloir aller plus loin que la rumeur, pour l’instant). Je me dis que, viarge, pour une fois que je ne souhaite pas écrire spécifiquement sur un fait d’actualité, voilà que c’est elle qui me rattrape, avec encore plus de défaitisme que moi.
C’est donc avec beaucoup de joie que je vous présente La guerre des arts, mon premier projet solo depuis 2010. Le livre sera disponible à la fin du mois d’octobre 2014, dans toutes les bonnes librairies. Pour lire les premières pages, vous pouvez aller sur le site des éditions Pow Pow.
J’en profite pour remercier Luc Bossé, éditeur de choc. Sylvie-Anne Ménard, qui s’est tapé la job de tout remonter parce que j’avais mal enligné mes affaires au début. Charles Arcand et Annie Paré qui m’ont aidé dans la réalisation de dossiers de présentation. Alexandre Fontaine Rousseau, pour ses conseils avisés. Et Geneviève Thibault, qui endure mes angoisses.
Je vous laisse avec une toune prophétique de CCR…